Affaire Toungouska

Toungouska en 1927Qu’est-ce qui a frappé la Sibérie en 1908 ?

La plus puissante explosion répertoriée ébranle toute la région de la Toungouska (ou Tunguska), au cœur de la Sibérie, dans la matinée du 30 juin 1908.
Elle arrache tous les arbres et brûle les animaux. Heureusement, cette région est peu peuplée et seulement deux victimes sont à déplorer.
Depuis 1927, les scientifiques cherchent à identifier la cause de la catastrophe de Toungouska.


Toungouska en 1928Une explosion au cœur de la Sibérie 

L'objet de la Toungouska est tombé le 30 juin 1908, à 7 h 17 min 11 s heure locale à 60 km de la petite ville de Vanavara. Le cataclysme est survenu précisément dans la région de la Toungouska Pierreuse, en Sibérie centrale, à 800 km au nord-ouest du lac Baïkal.
Les habitants de la région ont raconté que, juste avant l’explosion, ils ont vu une boule de feu fendre l’air, et, à Kirensk, à environ 400 km de là, des témoins ont parlé d’une « colonne de feu ».
Les ondes de choc sont si violentes qu’un cheminot du Transsibérien crut que sa locomotive avait explosé. Il se trouvait pourtant à 560 km du point d’impact.
60 millions d'arbres sont brutalement couchés sur le sol et brûlés. A moins de 20 km de l’épicentre de Toungouska, environ 700 rennes et tous les chiens sont brûlés vifs. Tentes, nourriture et stock de bois des nomades partent également en fumée.
Toungouska . Photo de 1927 (Sélection du Rider's Digest)
Les incendies brûlent pendant deux semaines et l’on peut voir une énorme colonne de flammes à plusieurs centaines de kilomètres de distance.
Poussières et débris sont projetés dans l'atmosphère. 

Les témoins rapportent également que juste après l'effroyable bruit qui suivit l'explosion, le sol se crevassa. Au même moment, le séismographe de l'Observatoire d'Irkoutsk enregistre un séisme de magnitude 5 qui durera 51 minutes.
Toungouska . © N. A. Strukov, 1928
Des perturbations magnétiques ont été enregistrées suite à l’explosion. La perturbation a duré plus de 6 heures. La tempête magnétique fut si intense que les boussoles de l'Observatoire d'Irkoutsk furent inutilisables à 977 Km de l'épicentre.
Les autorités impériales russes passent l’évènement sous silence. Aucune allusion n’est donc faite dans la presse internationale.
Ce n’est qu’après la révolution que le gouvernement soviétique charge un scientifique, Leonid Kulik, d’enquêter sur l’explosion.

Des indices contradictoires

Kulik conduit la première expédition au début de l’année 1927. Il part avec la certitude que l’explosion est due à une météorite entrée en collision avec la Terre.
Arrivé sur le site, il remarque que les troncs des pins sont déracinés par milliers. En explorant le périmètre de l’aire dévastée, il constate que les cimes des arbres sont toutes tournées dans la direction opposée à celle d’un endroit qu’il pense être le foyer de l’explosion.

Le scientifique découvre également des douzaines de trous très larges. Ce qu’il ignore à ce moment-là c’est que ces cavités sont très nombreuses dans toute la Sibérie. Elles sont dues aux fortes variations climatiques dans la région.
Leonid Kulik
Leonid Kulik
Persuadé qu’une météorite est responsable de la catastrophe, Kulik rapporte de son expédition des indices confus et contradictoires.
A aucun moment, il ne fait allusion à l’absence de cratère. Si une énorme météorite avait frappé la Terre, elle aurait laissé des traces de son impact, en l’occurrence un cratère.

Les expéditions modernes n'ont à ce jour récolté aucun fragment de la météorite mis à part de petites sphérules de silicates et de métal, certaines renfermant des gaz.
On sait que la formation de telles structures n'est possible qu'à de très hautes températures.

microparticules
Photo des microparticules (© Université de Bologne) 
Deux autres expéditions sur le site ont eu lieu en 1928 et en 1929-1930 qui n’apportèrent rien de nouveau.
Les autorités russes ont accepté que des scientifiques étrangers viennent sur le site à partir de 1989. Il est bien sûr regrettable qu’un tel retard ait été pris car la nature a repris ses droits et a recouvert rapidement les traces de l’impact.

Des effets semblables à la bombe d’Hiroshima

Après le lancement de la bombe atomique sur Hiroshima, en août 1945, on a mis en évidence des analogies entre l’explosion sibérienne et une déflagration atomique.
A Hiroshima, on a observé que peu de dommages autour du point d’impact. Plus curieux, les plantes et les arbres ont repoussé, sur les deux sites, à une vitesse extraordinaire.
La croissance des végétaux serait de l'ordre de 5 à 10 fois plus rapide que la normale d’après les chercheurs soviétiques.

Toungouska. Le site aujourd’hui (© Université de Bologne) 
Ils ont également notifié que des mutations seraient apparues sur certaines espèces d’insectes. Leurs propos sont cependant contestés par les chercheurs européens. Il y a donc un doute sur ces mutations qui ne pourraient être dues qu’à une augmentation de la radioactivité.
ToungouskaLes témoins sibériens ont parlé d’un gigantesque nuage de fumée après l’explosion, ce qui évoque le champignon provoqué par les armes nucléaires.
Bombe Hiroshima
Bombe d'Hiroshima. © Library of Congress
Si les traces laissées ressemblent à celles d’une bombe atomique, il est absurde de penser qu’une explosion nucléaire ait pu se produire 40 ans avant l’invention de l’arme atomique.

Un objet venu de l’espace

De minuscules morceaux de silicate et de magnétite ont été retrouvés dans les arbres proches du point d’impact.
L’étude de ces matériaux a montré clairement qu’ils provenaient du cosmos. Ce qui s’est abattu en Sibérie en 1908 venait-il de l’espace ?

Toungouska en 1991
Le site en 1991 (© Université de Bologne) 
Certains commentateurs ont bien sûr tout de suite évoqué un vaisseau spatial. Les matériaux retrouvés étaient, pour eux, les débris d’un engin extraterrestre qui se serait désintégré en pénétrant dans l’atmosphère.
Leur hypothèse était étayée par des témoignages d’habitants disant avoir vu un objet cylindrique dans le ciel, descendant lentement vers la Terre, puis changeant subitement de direction.

Les différentes théories

Trois hypothèses principales s’affrontent actuellement sans qu’aucune d’ailleurs soit totalement satisfaisante :
  • L'explosion d'une petite comète (théorie des astronomes F.Whipple en 1930 et L.Kresak en 1978)
  • L’impact d’un astéroïde pierreux (théorie du géochimiste Yevgeniy Kolesnikov)
  • L’impact d'une météorite mixte (théorie de S.N.Blazhko et Yu V.FilippovYu)
Pendant longtemps, les experts ont affirmé que l’explosion avait été provoquée par un fragment de comète entré en collision avec l’atmosphère terrestre, donc à plusieurs kilomètres au-dessus du sol.
Cela expliquait la nature des dégâts provoqués par l’onde de choc et l’absence de cratère.
cratère de Barringer
Le grand cratère de Barringer, en Arizona, est d'origine météorique. © Nasa
Cependant, cette théorie est loin de tout expliquer et est aujourd’hui abandonnée.
Il pourrait également s’agir d’un météoroïde dont la définition est : un objet interplanétaire dérivant des astéroïdes ou des comètes dont la masse se situe entre 10-9 et 108 kg, soit plus grand qu'une molécule et plus petit qu'un astéroïde (définition de L'Union Astronomique Internationale).
C’est plutôt flou et cela ne nous donne pas la solution de l’énigme.

Toungouska
Vue aérienne de la réserve naturelle de Toungouska (© Université de Bologne) 
Soyons clairs, actuellement, malgré les très nombreuses expéditions, les scientifiques ne savent pas avec certitude s'il s'agit d'une comète, d'un astéroïde ou d’un autre objet.
La région de Toungouska est presque déserte. Si elle avait été plus peuplée, le bilan aurait été effroyable. Ce qui est plus inquiétant c’est que nul ne peut dire si ce phénomène encore non expliqué se reproduira et où.

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